
Pastoralisme et biodiversité : une synergie à découvrir
Découvrez comment le pastoralisme influence la biodiversité. Un regard approfondi sur l'interaction entre l'élevage traditionnel et l'environnement naturel.
Le 21/06/2025 par Bastien Berger
Et si l’élevage extensif pouvait devenir un allié inattendu de la nature ? À l’heure où la biodiversité mondiale est en déclin, une pratique millénaire revient sur le devant de la scène : le pastoralisme. Loin d’être une activité archaïque, ce mode d’élevage fondé sur la mobilité des troupeaux et l’utilisation raisonnée des ressources naturelles pourrait bien jouer un rôle crucial dans la préservation des écosystèmes.
Le lien entre pastoralisme et biodiversité est plus profond qu’il n’y paraît : en façonnant les paysages, en maintenant les milieux ouverts et en favorisant une mosaïque d’habitats, les éleveurs pastoraux participent activement à l’équilibre écologique de nombreuses régions. Pourtant, cette synergie reste encore largement méconnue, voire menacée par l’urbanisation, l’intensification agricole ou le changement climatique.
Dans cet article, nous explorerons comment le pastoralisme, enraciné dans des pratiques ancestrales, peut devenir un levier moderne pour la conservation de la biodiversité. Une rencontre entre tradition et écologie qui mérite toute notre attention.
Le pastoralisme : une définition et ses aspects historiques
Qu'est-ce que le pastoralisme ?
Le pastoralisme est un mode de vie basé sur l'élevage d'animaux pour leur subsistance. Il repose sur l'utilisation de pâturages pour le bétail, notamment les bovins, les ovins, les caprins et les camélins. Les pâturages sont généralement des terres non cultivables, permettant à l'agriculture et à l'élevage de coexister. Les peuples pastoraux ont souvent une connaissance profonde de leur environnement, et ils adaptent leurs pratiques d'élevage à la variabilité des conditions environnementales.
Les origines du pastoralisme
Les origines du pastoralisme remontent à la préhistoire, avec la domestication des animaux. Les sociétés humaines ont commencé à domestiquer les animaux pour leur viande, leur lait, leur laine et leur force de travail. Les premières formes de pastoralisme étaient semi-nomades, avec des groupes humains se déplaçant au gré des saisons pour trouver de nouveaux pâturages. Cette mobilité est restée une caractéristique clé du pastoralisme jusqu'à aujourd'hui.
L'évolution du pastoralisme à travers les siècles
À travers les siècles, le pastoralisme a évolué en fonction des changements environnementaux, sociétaux et technologiques. Au cours du Moyen Âge, par exemple, l'introduction de nouvelles races de bétail et de nouvelles techniques d'élevage a permis de développer le pastoralisme dans des régions jusqu'alors inadaptées à ce type d'élevage. À l'époque moderne, le pastoralisme a dû faire face à de nouveaux défis, tels que la pression démographique, l'urbanisation et l'industrialisation. Malgré ces défis, le pastoralisme reste une pratique d'élevage importante dans de nombreuses régions du monde, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud.
Les principes du pastoralisme : mobilité, diversité et durabilité
Mobilité
Le premier principe du pastoralisme est la mobilité. Les éleveurs et leurs troupeaux se déplacent constamment à la recherche de pâturages verts et d'eau, suivant un cycle saisonnier. Cette mobilité a un double avantage : elle permet d'optimiser l'utilisation des ressources naturelles, en limitant l'épuisement des sols, et de prévenir la propagation des maladies en évitant une présence continue dans un même lieu.
Diversité
Le deuxième principe est celui de la diversité. Le pastoralisme ne se limite pas à un type d'élevage ou à une espèce animale. Au contraire, il s'appuie sur une grande variété de races, adaptées à des conditions environnementales spécifiques. Cette diversité génétique est une richesse en soi, car elle renforce la résilience des systèmes d'élevage face aux changements climatiques et aux maladies.
Durabilité
Enfin, le pastoralisme est fondé sur le principe de durabilité. Les éleveurs pastoraux entretiennent une relation symbiotique avec leur environnement, en assurant la régénération des ressources naturelles qu'ils exploitent. Ils ont ainsi développé au fil des siècles des pratiques d'élevage respectueuses de la biodiversité, contribuant à la conservation des écosystèmes et à la séquestration du carbone. En outre, le pastoralisme est une source de revenus pour des millions de personnes dans le monde, contribuant à leur sécurité alimentaire et à leur autonomie.
La biodiversité : une définition et son importance pour l'écosystème
La biodiversité désigne l'ensemble des formes de vie sur Terre : les animaux, les plantes, les champignons, les bactéries, mais aussi la richesse de leurs interactions et la variété des milieux naturels qu’ils occupent. Elle englobe trois niveaux : la diversité des espèces, la diversité génétique au sein d'une même espèce, et la diversité des écosystèmes.
Cette richesse vivante n’est pas simplement un trésor esthétique ou scientifique — elle est le socle de notre survie. Chaque élément de la biodiversité joue un rôle dans le bon fonctionnement des écosystèmes. Les insectes pollinisent les cultures, les forêts régulent le climat, les sols fertiles produisent notre nourriture, et les zones humides filtrent l’eau que nous buvons. Sans cette toile vivante, la nature perd son équilibre, et nos sociétés leur stabilité.
Mais la biodiversité, c’est aussi une résilience invisible. Plus un écosystème est diversifié, plus il est capable de s’adapter aux perturbations : sécheresses, maladies, changements climatiques. Cette diversité agit comme un filet de sécurité naturel contre les crises écologiques.
En revanche, lorsque cette richesse diminue, les conséquences s’accumulent : érosion des sols, appauvrissement des cultures, disparition des espèces pollinisatrices, effondrement des chaînes alimentaires. C’est pourquoi préserver la biodiversité, ce n’est pas uniquement protéger les « espèces rares », c’est garantir la continuité de la vie dans toute sa complexité.
Dans ce contexte, certaines pratiques agricoles, comme le pastoralisme, peuvent jouer un rôle essentiel. À condition d’être bien encadré, ce mode d’élevage traditionnel favorise la diversité des milieux et permet à de nombreuses espèces de coexister. Une biodiversité florissante n’est donc pas un luxe, mais une nécessité vitale — pour la nature, et pour nous.
Le rôle du pastoralisme dans la préservation de la biodiversité
Le pastoralisme, loin d’être une pratique archaïque, joue un rôle majeur dans la préservation de la biodiversité. En favorisant une occupation extensive et saisonnière des milieux naturels, il contribue à maintenir des paysages ouverts, riches en habitats variés. Là où l’abandon des terres ou l’agriculture intensive ferment les milieux, le passage régulier des troupeaux freine l’embroussaillement, favorise la diversité floristique et soutient la présence d’espèces animales spécifiques.
Contrairement à certaines idées reçues, le pâturage extensif ne détruit pas les écosystèmes : il les façonne. Les grands herbivores domestiques imitent en partie le rôle des espèces sauvages disparues, comme les bisons ou les aurochs, en modifiant la structure de la végétation. Leurs déplacements créent des micro-habitats : zones rases, touffes préservées, sols piétinés ou retournés. Ces mosaïques écologiques deviennent autant de niches pour les insectes, les oiseaux, les reptiles ou les plantes rares.
Le pastoralisme favorise également la coexistence d'espèces végétales aux besoins contrastés. Certaines prospèrent sur les zones piétinées, d'autres dans les repousses jeunes ou sous les excréments enrichissants le sol. Cette diversité de micro-environnements soutient une chaîne alimentaire complexe, qui renforce la résilience des écosystèmes face aux perturbations climatiques ou aux invasions biologiques.
Par ailleurs, le savoir-faire des éleveurs transhumants — choix des parcours, rythme des rotations, respect des cycles naturels — est essentiel. Ces gestes ancestraux, transmis de génération en génération, permettent d’entretenir les milieux sans les surexploiter. Ils incarnent une gestion harmonieuse entre activité humaine et équilibre écologique.
En somme, le pastoralisme agit comme un gardien discret de la biodiversité, en maintenant des dynamiques écologiques que ni l’agriculture intensive ni la nature laissée à elle-même ne peuvent reproduire à l’identique.
Les menaces pour le pastoralisme et leurs impacts sur la biodiversité
Le pastoralisme, bien que profondément ancré dans de nombreuses cultures, est aujourd’hui confronté à une série de menaces qui fragilisent non seulement son avenir, mais aussi celui des écosystèmes qui en dépendent.
L’urbanisation croissante grignote peu à peu les terres de parcours. Les pâturages sont convertis en zones industrielles, résidentielles ou agricoles intensives, réduisant l’espace vital des troupeaux. Cette perte de territoire entraîne une concentration excessive des animaux sur des zones réduites, ce qui peut appauvrir les sols et nuire à la régénération naturelle de la flore.
La sédentarisation forcée constitue une autre menace. En rompant avec la mobilité traditionnelle du pastoralisme, elle perturbe l’équilibre entre pression de pâturage et capacité de régénération des milieux. Résultat : des zones surpâturées alternent avec des espaces en friche, moins propices à la diversité biologique.
Le changement climatique accentue encore ces déséquilibres. Sécheresses plus longues, précipitations imprévisibles, raréfaction des points d’eau : autant de défis qui rendent la transhumance plus difficile et compromettent la survie des espèces végétales et animales associées à ces milieux ouverts.
Enfin, la méconnaissance du rôle écologique du pastoralisme le marginalise dans les politiques publiques. Lorsque les pratiques pastorales sont perçues comme archaïques ou nuisibles, elles sont écartées au profit de mesures de conservation qui ignorent parfois l’importance de l’activité humaine dans l’entretien des paysages naturels.
Ces menaces ne touchent pas seulement les éleveurs : elles altèrent les équilibres écologiques. Moins de pâturage signifie souvent plus de fermeture des milieux, une homogénéisation des habitats et, in fine, une baisse de la biodiversité. Préserver le pastoralisme, c’est donc aussi préserver la richesse et la résilience de nos écosystèmes.
Les stratégies pour promouvoir le pastoralisme comme outil de conservation de la biodiversité
Pour faire du pastoralisme un levier puissant de protection de la biodiversité, plusieurs stratégies complémentaires peuvent être mises en œuvre. Elles allient savoir-faire local, politiques publiques et innovation, dans une logique de cohabitation harmonieuse entre activités humaines et milieux naturels.
Valoriser les savoirs pastoraux
Les éleveurs nomades ou transhumants possèdent une connaissance fine des écosystèmes qu’ils traversent. Reconnaître, documenter et transmettre ces savoirs est crucial. Cela passe par des formations, des programmes de sensibilisation et l'intégration des éleveurs dans les instances de gestion des territoires.
Adapter les politiques agricoles et environnementales
Le pastoralisme est souvent oublié dans les politiques publiques. Il est nécessaire de reconnaître officiellement son rôle écologique et de l’appuyer via :
- des aides spécifiques pour les pratiques extensives et mobiles,
- la simplification des réglementations liées à la transhumance,
- la création de zones de pâturage protégées et accessibles.
Favoriser les partenariats entre éleveurs et conservateurs
Des projets conjoints entre éleveurs, ONG et chercheurs permettent de co-construire des modes de gestion durable. Ces partenariats renforcent la résilience des écosystèmes tout en assurant la viabilité économique des communautés pastorales.
Communiquer et sensibiliser le grand public
Changer le regard sur le pastoralisme est essentiel. Campagnes d'information, festivals pastoraux ou sentiers éducatifs permettent de reconnecter les citoyens à cette pratique millénaire et à son rôle bénéfique pour les paysages vivants.
En combinant ces approches, le pastoralisme peut devenir un véritable outil de conservation active, au service de la richesse biologique et culturelle des territoires.
Études de cas : exemples de synergie entre pastoralisme et biodiversité dans le monde
Les Cévennes (France) : un équilibre millénaire
Dans le parc national des Cévennes, le pastoralisme extensif façonne depuis des siècles les paysages. Les troupeaux de brebis, en pâturant les landes et prairies, empêchent l'embroussaillement. Ce maintien d'espaces ouverts favorise des espèces rares comme la circaète Jean-le-Blanc ou certaines orchidées sauvages. Ce modèle d’élevage extensif joue ici un rôle clé dans la préservation d’habitats semi-naturels riches en biodiversité.
La steppe mongole : une cohabitation ancestrale
En Mongolie, les nomades élèvent yaks, chèvres et moutons depuis des générations. Leur mode de vie repose sur le déplacement saisonnier des troupeaux, permettant aux pâturages de se régénérer. Cette mobilité évite le surpâturage et permet de maintenir un écosystème exceptionnel, où cohabitent antilopes saïgas, aigles et loups. L’interdépendance entre nature et culture y est encore très vivante.
Le delta de l’Okavango (Botswana) : un modèle intégré
Dans cette zone humide classée au patrimoine mondial, certains éleveurs pratiquent un pastoralisme compatible avec la faune sauvage. En limitant l’accès aux zones sensibles pendant la saison sèche et en utilisant des races rustiques, les éleveurs participent à la cohabitation entre bétail et biodiversité. Résultat : les populations de buffles, zèbres et oiseaux migrateurs s’y maintiennent.
Les Andes péruviennes : l’élevage au service des écosystèmes
À plus de 3 000 mètres d'altitude, les communautés locales élèvent lamas et alpagas dans des pâturages d’altitude. Leurs pratiques respectueuses du rythme des saisons permettent de préserver les páramos et les zones humides andines, refuges d’une flore unique et d’espèces endémiques comme la vigogne. Ce pastoralisme andin est aussi un pilier de l'identité culturelle locale.
À l’intersection entre traditions ancestrales et enjeux écologiques contemporains, le pastoralisme et la biodiversité forment un tandem aussi méconnu que prometteur. Loin d’être un modèle du passé, le pastoralisme, par sa mobilité et son respect des rythmes naturels, s’impose comme un levier puissant pour maintenir des écosystèmes riches et résilients. Là où les pratiques pastorales sont préservées, on observe souvent une mosaïque de milieux ouverts, favorables à une grande diversité d’espèces animales et végétales.
Face aux défis posés par l’urbanisation, l’intensification agricole et le changement climatique, il devient urgent de reconnaître la valeur écologique de ces pratiques. Encourager des politiques publiques adaptées, soutenir les éleveurs et intégrer le pastoralisme dans les stratégies de conservation sont autant d’actions nécessaires pour préserver cette synergie précieuse.
En redonnant sa place au pastoralisme dans les territoires, nous ne protégeons pas seulement un mode de vie, mais aussi un allié essentiel dans la lutte pour la sauvegarde de la biodiversité.

Crédits photo : Shutterstock / XG. Rodriguez

Bastien Berger

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